Introduction par Jeanine Ravoux–Bourvéau
Ce site est ouvert à tous les amis du Saint-Graal :
Ceux qui l’ont construit ou qui y ont participé de différentes façons, ceux qui y ont
navigué, équipiers, marins, passagers, hôtes, nos familles à qui nous avons manqué pendant ces années de navigation, ceux qui nous ont confié des clients, les skippers des voiliers avec qui Yves surtout était en contact radio tout au long des navigations et aussi aux anciens de Saint-Lys-radio, notre cordon ombilical avec la terre.
C’est aussi un clin d’œil à des amies navigatrices qui ont aussi suivi leur homme sur mer : Lesley, Nadine, Marie, Sylvie, Colette, Christine, Anne, etc. et qui ont fini par aimer cela et devenir essentielles à bord. Elles pourraient en raconter encore plus que moi !
C’est au cours d’un dîner familial à Noël dernier (2013) que j’ai exprimé avoir l’envie de raconter l’histoire du Saint-Graal dans un site internet.
« Chiche, me dit mon petit-fils Benjamin, informaticien de profession, tu m’envoies tes textes et tes photos et je les rentre dans un site que je te ferai ; tu pourras même continuer à rentrer tes textes, au fur et à mesure que tu les écriras et même y apporter des corrections »
Benjamin est le seul de mes petits-enfants qui ait vraiment bien connu le Saint-Graal et qui, dans sa petite enfance, ait navigué sur ce bateau. Aussitôt rentré chez lui, avec les toutes premières photos dont il disposait, il a créé le site.
Et moi j’ai ouvert la boite de Pandore !
Je n’avais jamais rouvert les livres de bord depuis « l’accident ». C’est une énorme émotion de retrouver les notes d’Yves, de mettre en concordance les photos avec les événements relatés, de laisser remonter des souvenirs dont certains me troublent encore, de faire maintenant que j’ai 80 ans, le bilan de ces années qui se situent de 30 ans à 20 ans en arrière.
Je découvre cette vie passée comme si je lisais un livre qui me serait inconnu, et pourtant je le réécris à mesure de mes redécouvertes, de mes émotions et des souvenirs resurgis.
Ce récit se veut aussi dédié à la mémoire d’Yves, mon mari, mon frère, mon amant, mon tourment !
Vingt-deux ans après sa disparition, je peux enfin me souvenir, avec le recul nécessaire et sans douleur ni amertume, de ces cinq années d’élaboration du Saint-Graal, de ces huit années de navigation, de ces vingt années de vie commune.
Au seuil de la vieillesse j’aurais aimé lui dire ce qu’il m’en reste maintenant : mon admiration pour les compétences et le self-control du navigateur, la noblesse et l’élégance naturelle de l’homme, son courage physique et le travail inouï qu’il a réalisé sur ce bateau, ma reconnaissance pour l’initiative des aventures partagées et des lieux découverts, mon pardon pour les faiblesses, communes à beaucoup d’hommes, mais aussi qu’il est resté l’homme de ma vie.
