Cowes, île de Wight, mai 1983

Nous sommes à quai dans la marina.   Nous nous y sommes installés  pour terminer les derniers préparatifs avant grand départ.  Nous y faisons faire la peinture du pont par un chantier local anglais. Je reste seule à bord pendant quelques jours alors qu’Yves est retourné en France boucler son travail.

Je travaille à bord avec une machine à coudre  Reads calibrée pour recoudre  des voiles de bateaux et je confectionne les rideaux  avec les restes du velours  gris-bleu des banquettes du carré.

Quelques coups discrets  sur le roof : un  homme  du bateau à couple me demande d’utiliser le winch puissant du Saint-Graal pour hisser son équipier en haut de son mât  afin repasser une drisse dans la poulie d’où elle s’est échappée.

Je décline poliment car notre peinture est fraîche et je n’ai pas envie qu’ils beurrent de peinture, avec leurs pieds, nos bancs de teck  du cockpit en manœuvrant sur notre pont.

Il insiste, et je ne veux pas être malpolie et avoir l’air de snober, j’accepte sur sa promesse de faire attention à ne pas piétiner la peinture et j’assiste alors à une scène à mourir de rire.

L’équipier est ventru et assez lourd,  il est mal arrimé (pas de chaise). Il est littéralement enserré par le cordage qui est censé le hisser ; de plus la mauvaise coordination de son coéquipier  le fait monter et  redescendre plusieurs fois successivement, sans arriver à le hisser de plus de deux mètres.

Le  renvoi du cordage, qu’ils finissent par établir,  entre mon winch et la base de leur mât, passe par une poulie fixée sur leur pont. Tout à coup la fixation cède, la poulie saute en l’air, le gars au bout de son fil redescend brutalement de deux  mètres,

C’est le désordre  dans sa tenue, il à les fesses et le ventre à l’air, dénudés par le cordage. Je suis obligée de  me précipiter à l’intérieur de mon bateau pour cacher mon fou-rire.

Je dois ressortir dans le cockpit  pour surveiller ma peinture : il faut s’attendre à tout avec ces deux là !

Le temps qu’ils retrouvent une autre fixation, ils accumulent les maladresses ; on est dans un film de Laurel et Hardy !  A chacune de leurs tentatives,  le fou-rire me reprend. Bien sûr je m’interdis de donner quelque conseil que ce soit, ce serait vexant pour eux !

Ils finissent  par y arriver, heureusement !  Car je n’en peux plus, le fou-rire inextinguible me tord le ventre ! Quel bon moment !

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