Amorgos : Une jupe, un pantalon

Amorgos

En juin 1990, de retour de Rhodes par le sud nous faisons escale à Amorgos.

Amorgos était peu connue à cette époque, Elle est devenue célèbre depuis le tournage du « Grand bleu » qui nous en a offert de magnifique vues.

C’est une île un peu perdue dans mer Egée; elle a la particularité, entre autres, d’héberger un monastère orthodoxe bien sûr, mais surtout en partie troglodyte, au pied d’une falaise rouge impressionnante. Le monastère est plaqué contre le rocher, imprenable, inclus dans ses hautes murailles blanches.

Nous en avions entendu parler et étions curieux de le visiter.

Yves et moi abandonnons notre équipier à bord et arrivons en taxi au pied du monastère stupéfiant.  Après quelques photos des murailles contrastant avec la paroi rocheuse, nous gravissons l’escalier extérieur, raide, qui mène à la porte étroite. Cette porte en hauteur me fait penser à celle d’un château fort que l’on atteignait seulement par une passerelle rétractable, rendant l’accès impossible si les occupants ne le souhaitaient pas. Monastère forteresse donc.

De plus le profil très étroit permet de comprendre qu’une partie du monastère est creusé dans le rocher.

À la porte, une affiche avise que les hommes doivent se présenter en pantalon long et les femmes en jupe. Surprise pour nous ! Nous avons tout faux : Yves est en short et moi je suis en pantalon !

Nous sommes extrêmement déçus que notre aspect vestimentaire nous prive de cette visite !

Une idée tout à coup : Yves est plus mince que moi doit pouvoir rentrer dans mon pantalon, même s’il est un peu court pour lui, et moi j’ai un paréo dans mon sac, je vais en vitesse faire une couture pour en faire une jupe !  Aussitôt fait, Yves rentre dans mon pantalon et moi, à gros points, je joins les deux côtés du paréo, cousus en vitesse et j’enfile la jupe correcte ainsi réalisée ; un nœud à la taille assure le tout. Heureusement pas d’autres visiteur pour surprendre notre curieux échange, à moins que…

Nous nous pointons à la porte qui nous est ouverte par un très aimable pope de petite taille et à grande barbe blanche qui ne parle que le grec.

Il nous fait franchir un autre escalier très pentu et nous accueille dans une petite pièce avec petite fenêtre, qui est donc au 2e étage par rapport au bas des murailles. Elle offre une magnifique vue sur la mer, mais aussi une vue imprenable sur la montée où nous avions procédé à notre échange de vêtements. Heureux pope !

Il nous offre un petit verre d’alcool fort ! Curieux accueil ! Est- ce pour nous donner le courage de continuer à grimper ?

Nous visitons le fournil, la chapelle, sans doute interdite à la photographie car je n’ai pas de photos. Pas de visite de cellule, ni de salle à manger éventuelle des religieux. Cependant, à quel étage ? Nous arrivons sur une terrasse qui, elle aussi offre un poste d’observation sans égal.

Je repère un moulin à farine, à main, très primitif, un modèle déjà vu en fonction dans une ferme isolée en Turquie. Il est constitué de deux pierres rondes superposées, dont la tournante, percée en son centre, est enfilée sur un axe planté au centre de la dormante. Sur le côté, une poignée en bois, fixée dans la tournante permet la rotation pour moudre les grains de blé introduits en son centre. Ce moulin n’a pas du servir depuis des lustres, il est aussi est chaulé à blanc !

Avant quitter les lieux, en repassant par la petite pièce d’accueil, nous sommes invités à faire un don, ce que nous faisons avec bonne humeur.

Nous repartons, assez désappointés car, en fait, nous n’avions pas vu grand-chose, en tous cas pas même le dixième du bâtiment, cependant en remerciant chaleureusement le pope.

En atteignant le bas de l’escalier, nous apercevons, derrière la porte que nous avions franchie dans l’autre sens, tout un vestiaire de pantalons et de jupes mis à disposition des visiteurs non réglementaires ! Tout était prévu par les popes pour ne pas risquer de ne pouvoir recevoir des visiteurs, bien venus pour leur apporter quelques subsides !

Tout compte fait, notre vêture personnelle improvisée nous avait bien plus amusés !

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