Fais-moi une bulle !

Fais-moi une bulle !

Quelque part dans  un mouillage aux Antilles.

C’est une des rares fois  ou Yves et moi nous nous sommes baignés ensemble !

Très curieusement,  Yves partait quelques fois chasser, mais en indépendant.

En fait il ne se baignait que rarement,  pas comme moi qui, en fille de la Méditerranée, sautait dans l’eau au moindre prétexte, surtout pour me rafraichir et me détendre,  mais rarement sans mon masque.  Je pouvais passer des heures à regarder les fonds marins !

Yves, lui, avait vite froid,  et abrégeait ses bains : c’ était un Parisien et bien qu’ayant fréquenté la mer, côté Atlantique et ayant passé de nombreux séjours en Bretagne et en  Manche -dont en  connait la température de l’eau- il n’était pas un animal marin!

Donc pour une fois, nous sommes  à l’eau ensemble, au dessus du fond sableux où le bateau est à l’ancre généralement sur ces fonds,  il n’existe pas  la multitude des poissons qui fréquentent les fonds rocheux ou coralliens.

La première chose étrange rencontrée, c’est un long tube transparent, flottant entre deux eaux. Sa longueur est d’au moins 3 ou 4 mètres  et son diamètre  de 30 cm. Le tube  semble bouger lentement d’une façon serpentine,  mais il est vide ! On voit à travers. Nulle trace d’organes ni de vertèbres. Tout au plus il y a des sortes anneaux qui sous-tendent la paroi  transparente, en maintenant le tube ouvert ; cela n’a ni queue ni tête, au propre comme au figuré !

C’est une sorte de mue de boa, transparente comme une feuille de plastique  mais qui ne donne cependant  pas l’impression d’être une chose morte.

On s’en est éloignés, prudemment,  par crainte de contact urticant. Mais jamais personne n’a pu me donner le nom de cet animal étrange et fantomatique.

Plus loin, un long banc  très dense de petits poissons argentés, à mi-hauteur du fonds, pas du tout effrayés par notre présence,  Yves a plongé pensant pouvoir les toucher et une sorte de bulle  s’est formée autour de lui, c’est sidérant : ils  s’écartent simplement, sans fuir, pour lui laisser le passage créant ainsi une bulle dans l’épaisseur du banc. Du coup j’ai plongé,  la bulle m’accompagne aussi  tout le long de mon parcours !

Je dis à Yves : fais-moi une bulle ! Il  replonge et  remonte, accompagné de sa bulle !

Nous avons joué longtemps avec nos bulles de petits poissons, si confiants. Sans doute ne décelaient-ils pas de prédateur en nous ;  mais aussi peut-être, sûrs de leur rapidité à se mettre bonne distance, vaquaient-ils à  leurs affaires, en nous dédaignant !

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